« Buy American »

Biden fait avancer son programme économique

Macungie — Après de longues tractations politiques, un grand plan de rénovation et de développement des infrastructures cher au président Joe Biden a été mis sur les rails mercredi, avec pour ambition d’assurer à l’Amérique des décennies de prospérité.

Ce n’est rien de moins qu’un programme d’investissements « comme on n’en voit qu’une fois par génération » qui a trouvé l’accord à la fois des sénateurs démocrates et d’une poignée d’élus de l’opposition républicaine, a annoncé la Maison-Blanche.

Mercredi soir, ce plan a franchi une étape au Sénat lors d’un vote préliminaire, 17 républicains s’étant joints aux 50 démocrates. Cela signifie que les élus pourront commencer à débattre, mais le texte est encore loin d’être définitivement adopté.

Ce grand plan prévoit 550 milliards de dollars d’argent fédéral frais et atteint les 1200 milliards de dollars – l’équivalent du produit intérieur brut de l’Espagne en 2020 – si l’on prend en compte la réorientation d’autres financements publics existants.

Cette somme pharaonique doit « créer des emplois bien rémunérés et syndiqués, répondre à la crise climatique, rendre l’économie [américaine] plus durable et plus juste pour les décennies à venir », selon un communiqué de la Maison-Blanche.

L’administration annonce des investissements « historiques » dans les transports en commun, les routes, les ponts, l’eau potable, l’internet à haute vitesse…

Le tout financé par la réorientation de certains financements d’urgence, par des contributions ciblées des entreprises, par une taxation plus efficace des cryptomonnaies et par d’« autres mesures » soutenues par les deux partis. En plus des revenus fiscaux que doit générer le surcroît d’activité économique que Washington promet.

« Cet accord montre au monde que notre démocratie fonctionne, produit des résultats et fait de grandes choses », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, faisant l’article d’un programme qui peut « transformer l’Amérique et nous propulser dans l’avenir ». 

Le président, qui voudrait dans un second temps faire passer un gigantesque programme de 3500 milliards de dollars de dépenses sociales, a aussi fait avancer mercredi un autre sujet qui lui est cher : le patriotisme économique.

« Buy American »

En visite dans une usine de camions en Pennsylvanie, le président a promis que les entreprises américaines seraient mieux loties en termes de commande publique.

« Les dernières années, “Buy American” [Acheter américain] était devenu une promesse vide. Mais mon administration va en faire une réalité », a-t-il dit, applaudi par une centaine de personnes enthousiastes, avec pour arrière-plan des camions rutilants.

Difficile de ne pas y voir une pique à son prédécesseur Donald Trump, qui n’avait de cesse de promouvoir le patriotisme économique et le protectionnisme.

Loi de 1933

Concrètement, ce que prévoit l’équipe de Joe Biden est assez technique.

La Maison-Blanche va dépoussiérer une loi de 1933, qui exige que tous les produits achetés par l’administration fédérale soient fabriqués « de manière substantielle » aux États-Unis, c’est-à-dire que 55 % de la valeur de leurs composants ait été créée sur le sol américain.

Washington veut porter cette proportion à 60 % dans l’immédiat, puis à 75 % plus tard, pour éviter que l’argent public n’aille à des biens fabriqués pour bonne partie à l’étranger.

Autre mesure : mettre en place un barème de prix préférentiels pour certains produits et composants jugés stratégiques, et produits aux États-Unis. Le but étant d’éviter à l’avenir des pénuries de biens importés aussi importants que des équipements médicaux ou des composants informatiques.

L’administration fédérale américaine indique dépenser chaque année 600 milliards de dollars en achats de biens et services, dont la moitié environ pour des produits manufacturés.

Pourparlers stratégiques

Un Dialogue encourageant, ASSURENT Washington et Moscou

Genève — Le deuxième tour de table entre hauts diplomates russes et américains pour poursuivre le dialogue entamé par Vladimir Poutine et Joe Biden en vue de stabiliser des relations bilatérales très dégradées, a été « substantiel » pour Washington et « pragmatique » pour Moscou.

La réunion de mercredi sur les bords du lac Léman, entre les délégations dirigées par la numéro 2 du département d’État américain, Mme Wendy Sherman, et par le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, côté russe, s’est déroulée à huis clos et sans accès des médias.

« Les discussions à Genève ont été professionnelles et substantielles et les deux délégations sont tombées d’accord pour se retrouver en séance plénière à la fin septembre », a expliqué Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine dans un communiqué.

M. Riabkov s’est dit « très satisfait » du déroulement de la réunion, avec des discussions « pragmatiques, professionnelles et précises », et il a confirmé le prochain rendez-vous de fin septembre, selon les agences de presse russes.

Les responsables américains doivent informer leurs alliés de l’OTAN de la teneur des discussions lors d’un passage à Bruxelles jeudi.

Groupes d’experts

En attendant la nouvelle réunion de septembre, les deux parties auront des consultations informelles pour déterminer « quels sujets seront abordés par des groupes d’experts à cette deuxième plénière », a précisé M. Price.

M. Riabkov a souligné pour sa part que Washington et Moscou n’avaient pu se mettre d’accord sur la façon de surmonter la crise concernant le contrôle des armements.

« C’est très compliqué. Ce problème a été négligé depuis trop longtemps et nous ne sommes qu’au tout début du processus d’échanges de points de vue. »

— Sergueï Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangères de Russie, s'adressant aux médias russes à propos de la crise du contrôle des armements

Selon une haute responsable du département d’État, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat, « ce dialogue se rapporte aux problèmes qui ont trait, ou pourraient mener, à la menace d’une utilisation d’armes nucléaires dans une crise ou en cas de conflit, ou qui menacent de déstabiliser la relation bilatérale ».

« La réunion d’aujourd’hui est le commencement de ce dialogue avec la Fédération de Russie. La délégation américaine a discuté des priorités américaines, de l’environnement sécuritaire actuel, de la perception nationale des menaces sur la stabilité stratégique, des perspectives en matière de contrôle des armements et du format des futures séances du dialogue stratégique », a précisé pour sa part le porte-parole du département d’État.

Les deux parties avaient pris soin de tempérer les attentes avant la réunion. 

La rencontre de mercredi intervient dans un contexte de tensions sur plusieurs fronts entre les deux nations, les États-Unis ayant menacé Moscou de prendre des mesures si la Russie ne mettait pas fin à la vague de cyberattaques qui, selon les autorités américaines, proviennent en grande partie de son territoire.

La Russie nie toute responsabilité à ce sujet, mais M. Poutine a salué les efforts de M. Biden en vue de rendre les relations plus prévisibles.

Biden a reçu l’opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa

Joe Biden a reçu mercredi à la Maison-Blanche l’opposante biélorusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa, une marque de soutien renforçant la crédibilité de celle qui affirme avoir remporté la présidentielle de 2020. « Les États-Unis se tiennent aux côtés du peuple biélorusse dans sa quête de démocratie et de droits de la personne universels », a affirmé le président américain dans un tweet accompagné d’une photo le montrant en train de converser avec Mme Tikhanovskaïa. Fouler le sol de la Maison-Blanche envoie « un message à la planète entière que le pays le plus puissant du monde est avec nous », a estimé Mme Tikhanovskaïa, y voyant « un succès pour tous les Biélorusses qui se battent ». Elle n’espère pas que le président américain la reconnaisse comme présidente légitime, mais souhaite plutôt accroître la pression sur Alexandre Loukachenko. « Nous avons parlé de plusieurs points de pression sur le régime pour le forcer à cesser les violences, à libérer les prisonniers politiques et à entamer un dialogue » avec l’opposition, a-t-elle détaillé.

— Agence France-Presse

Vaccination

L’État de New York accentue la pression sur ses fonctionnaires

Les 130 000 fonctionnaires de l’État de New York devront être vaccinés ou se faire tester régulièrement, tandis que l’obligation de recevoir une injection anti-COVID-19 sera stricte pour le personnel des hôpitaux en contact avec des patients, a annoncé mercredi le gouverneur Andrew Cuomo. L’annonce intervient sur fond de hausse des cas en raison du variant Delta, plus contagieux. « L’État de New York va exiger que tous les employés de l’État soient vaccinés ou subissent un test de dépistage régulier. Nous travaillons avec les syndicats de l’État pour mettre en œuvre ce programme rapidement et équitablement. Il entrera en vigueur avant la fête du Travail [le 6 septembre] », a tweeté Andrew Cuomo. Lors d’une conférence de presse, le gouverneur a ajouté que cette vaccination serait obligatoire, sans possibilité de recourir à l’option de se faire tester, pour le personnel des hôpitaux de l’État « qui est au contact de patients ». Selon les chiffres de l’État en date du 21 juillet, environ 74 % des salariés des hôpitaux ont d’ores et déjà été vaccinés.

— Agence France-Presse

Pékin envoie à Washington un ambassadeur intransigeant

La Chine a envoyé à Washington un ambassadeur connu pour son intransigeance, Qin Gang, au moment où les relations entre les deux premières puissances mondiales sont « dans l’impasse », de l’aveu même de la diplomatie chinoise. M. Qin, dont la nomination n’avait pas été confirmée de source officielle en dépit de multiples rumeurs, est arrivé mercredi à New York, a annoncé l’ambassade de Chine à Washington, diffusant des photos du nouvel ambassadeur portant un masque avec un drapeau rouge bien en évidence. M. Qin s’est taillé une réputation de « loup combattant », cette nouvelle mouture de diplomates chinois connus pour leur tonalité agressive envers les pays occidentaux. À son arrivée, il s’est toutefois montré conciliant envers ses hôtes. « Je m’efforcerai de bâtir des canaux de communication et de coopération avec tous les secteurs aux États-Unis et m’emploierai à remettre la relation Chine–États-Unis sur les rails », a-t-il promis, selon des propos rapportés par son ambassade.

— Agence France-Presse

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